Aibd – Polémique : L'État Retire Le Fret à Teyliom Au Profit Des Turcs De 2as
06 mars, 2018
Un mois après son ouverture marquée notamment par quelques désagréments liés à plusieurs facteurs, le nouvel aéroport de Diass a trouvé le train normal propre à une plateforme aéroportuaire digne de ce nom.
Mercredi 3 janvier 2018. Il est 13 heures 48 minutes. Le Boeing 737-400 de la compagnie aérienne nigériane Med-View Airline s’engage, dans un bruit assourdissant, sur la longue piste de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). En quelques secondes, l’appareil à destination de Lagos se déploie dans le ciel de Diass enveloppé de poussière. Quelques minutes plus tôt, c’est un avion de la compagnie américaine Delta Airlines et un autre de la compagnie émiratie Emirates qui ont décollé de ce même tarmac.
Au même moment, dans la salle d’embarquement d’où l’on peut admirer le spectacle qui se déroule sur le tarmac à travers les vitres en concaves, les passagers à destination de Nouakchott et de Milan s’apprêtent à embarquer par deux des six passerelles télescopiques qui relient l’aérogare aux avions. Des passagers dont les vols ne vont pas tarder patientent tranquillement sur les bancs tandis que d’autres, accoudés aux deux restaurants bars, trompent leur faim. L’ambiance est d’un ton plus bruyant dans la salle adjacente où les passagers d’un vol de Kenya Airways remplissent les dernières formalités d’enregistrement dans l’une des 44 box. Une fois les étapes de contrôle de la police et des douanes franchies, il est fait en sorte que les passagers traversent la zone du Duty Free, une manière de les inciter à faire des achats. Un mois après sa mise en service, l’Aéroport international Blaise Diagne, malgré des débuts difficiles, est opérationnel. A l’image d’un nouveau-né encore fragile, des moments de doute et d’incertitudes ont jalonné les premiers pas de la plateforme, comme cette grève de 24 heures des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) survenue une semaine après l’ouverture de l’aéroport et qui a eu des conséquences fâcheuses aussi bien pour l’aéroport, les compagnies que pour les passagers. Sur les réseaux sociaux, les critiques, photos ou vidéos à l’appui, avaient fusé. Les images montrant des passagers déboussolés, des tonnes de bagages abandonnées dans le hall des arrivées ou encore des énergumènes marchant sur les tapis-bagages ou sortant par l’ouverture des tapis-bagages avaient envahi la toile. Chacun y allait de son commentaire.
Plus de 11,6 millions de litres de kérosène fournis
Un mois après, tout semble revenu à la normale. Les balbutiements des débuts se sont envolés et l’Aibd a retrouvé le train-train quotidien et banal propre à un aéroport digne de ce nom. Une situation dont se félicite des passagers rencontrés dans le hall des départs.
« Avec toutes les critiques que j’ai entendues ou lues, j’admets que j’avais des appréhensions avant de venir. Je suis heureux de constater que tout cela est derrière nous. J’ai trouvé une belle infrastructure, moderne et spacieuse qui nous change beaucoup de l’ancien aéroport. Bref, j’ai envie de dire que le Sénégal dispose d’un vrai aéroport », confie ce passager en partance pour Abidjan qui préfère garder l’anonymat. Me Augustin Senghor, en partance pour la cérémonie de remise du Ballon d’or africain à Accra (Ghana), fait chorus. Le président de la Fédération sénégalaise de football se dit charmé. « La mise en route a été difficile, mais c’est normal, car c’est la première fois qu’on vit l’expérience de devoir déménager d’un aéroport à un autre. C’est heureux de voir que tout est rentré dans l’ordre et c’est sûr que le service va aller en s’améliorant », dit-il.
A l’entrée du site des cuves à kérosène, une dizaine de camions-citernes sont alignés. Le sujet a fait couler beaucoup d’encre. Pourtant celles-ci étaient fonctionnelles depuis le 23 novembre, deux semaines avant l’ouverture de l’aéroport, assure-t-on du côté du Ministère des Transports aériens et de Smcady, gestionnaire de ces infrastructures.
Ces cuves ont été certifiées et chargées depuis cette date et il restait à terminer le système hydrant, à savoir le réseau souterrain qui relie les cuves aux aéronefs qui est opérationnel depuis deux semaines.
Du 7 au 31 décembre 2017, le nombre d’avitaillement d’avions par Smcady est estimé à 814 pour un volume total de 11.689.260 litres de kérosène Jet A-1 (un carburant de type kérosène convenant à la plupart des aéronefs à réacteurs obéissant à des exigences internationales rigoureuses). Quant à la boutique Duty free installée au Départ et à l’Arrivée de l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass, elle a reçu, selon les informations fournies par la société d’exploitation de l’aéroport LAS, 27.000 clients et a vendu 67.947 articles.
Une offre de transport diversifiée
Des taxis jaunes, des taxis aérocab, des limousines, des bus classiques et express sont affrétés par les sociétés de transports pour desservir l’Aéroport international Blaise Diagne avec des tarifs bien étudiés pour satisfaire tous les usagers.
En ce mercredi matin, un vent poussiéreux balaie l’Aéroport international Blaise Diagne. Des accompagnants de passagers en partance pour le Ghana, la Mauritanie, l’Europe, l’Asie et d’autres contrées attendent dans le hall. Certains sont en train de se restaurer dans l’un des restaurants-bars.
Dehors, les véhicules attendent les clients. L’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) se caractérise par une offre de transport diversifiée. Plusieurs sociétés de transport publiques que privées sont présentes à la plateforme aéroportuaire. Si certains opérateurs proposent un paquet de services, d’autres ont une cible bien déterminée avec un tarif bien étudié qui prend en compte plusieurs facteurs dont le péage sur l’autoroute.
La société publique de transport Dakar Dem Dikk propose en plus des lignes classiques, des navettes express. Les tarifs qui varient entre 3000 et 6000 FCfa. Un agent hésitant dans un premier temps vante les avantages de l’offre de la société publique de transport. « Nos lignes sont régulières et ponctuelles. Nos bus n’attendent pas d’être pleins. A l’heure, ils prennent le départ », confie-t-il, sous le couvert de l’anonymat. Justine, une passagère, confirme. « Notre bus a pris le départ à l’indiquée indiquée », affirme-t-elle, satisfaite par le service. En plus de l’offre vers la capitale, la société publique de transport Dakar Dem Dikk a pensé aux populations de l’intérieur du Sénégal. Des bus sont positionnés à Thiès et à Mbour. Les passagers qui viennent de l’axe Nord du pays peuvent emprunter les bus de Dakar Dem Dikk à Thiès alors que ceux qui viennent de l’axe Sud peuvent prendre les bus à Mbour pour rallier l’aéroport international Blaise Diagne.
A côté, de nouvelles compagnies proposent leurs services. Il s’agit, entre autres, de Senecartours, Dakar-Limousine, des chauffeurs de taxis jaunes qui étaient présents à l’aéroport Léopold S. Senghor. La société Senecartours qui gère le parking propose des bus de 25 à 35 places avec climatisation (aérobus). Elle met également à disposition des clients des taxis « aérocab ». Une présence qui n’est pas du goût des chauffeurs de taxis jaunes. Ils estiment que ces nouvelles compagnies sont favorisées par rapport à eux. « Comment peuvent-elles (les autorités) nous expliquer la différence des tarifs entre les taxis « aérocab » et les nôtres ? », se demande Serigne Ngom. Il assure que leurs véhicules ont tous les commodités. « En fait, l’Aéroport international Blaise Diagne, c’est pour Mbaye Sarr alors que ces véhicules sont des clandos », raille Lamine Touré. Un agent de Senecartours qui a requis l’anonymat en rit. Il prend la remarque avec philosophie. « On ne peut pas empêcher les gens d’avoir leur opinion et même de jaser. Mais nous avons un parc de véhicules neufs et nous assurons un service de qualité », se défend-il. Notre interlocuteur, en bon agent marketing, vend bien l’offre de service de Senecartours. « Nous avons souscrits à une assurance tous risques. De plus, quand un de nos véhicules tombent en panne en cours de route, un autre chauffeur est dépêché aussitôt sur les lieux pour le ramener jusqu’à destination. Ce service peu d’opérateurs le propose », déclare-t-il.
Quant à la compagnie «Dakar Limousine », elle est spécialisée dans le transport haut de gamme de voyageurs et de personnalités avec « des véhicules confortables, spacieux, élégants et adaptés ». « Nous avons des chauffeurs professionnels, expérimentés qui ont une parfaite connaissance des routes et chemins du Sénégal », confiait Alexandre Sène, le directeur général de Dakar Limousine au lancement de ladite compagnie. Il souligne que leurs véhicules sont équipés de « climatisation, wifi, de tablettes connectées, de chargeurs de téléphones, de journaux, de friandises, de rafraichissement ». Cette offre diversifiée fait le bonheur des usagers. Ceux qui atterrissent à l’Aéroport international Blaise Diagne ne sont plus abordés par des chauffeurs qui proposent leurs services avec insistance.
Mamadou GUEYE
VILLAGE DE KATHIALIK : Au nom des us et coutumes
Très attachés à leur culture ancestrale, les habitants de Kathialik dont le village est contigu au mur de clôture de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) ne souhaitent pas rejoindre le site de recasement mis à leur disposition quatre kilomètres plus loin. Les autorités aéroportuaires, quant à elles, entendent leur faire changer d’avis par le dialogue.
On était parti pour une interview en tête-à-tête avec le chef de village Mbaye Faye et son fils Mansour Faye, on se retrouve finalement au milieu d’une sorte de forum villageois sous l’ombre du grand arbre qui domine la vaste cour de la concession familiale. Pour les populations de Kathialik ou ce qui en reste, la question de la cohabitation avec l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) est un sujet qui intéresse au plus haut point. A telle enseigne qu’à chaque fois que des gens viennent les rencontrer pour en parler, elles se mobilisent autour de leur chef de village comme pour montrer leur solidarité.
Ce matin du 3 janvier, le village de Kathialik est plongé dans un silence de cimetière. Des trois villages qui étaient dans l’emprise du nouvel aéroport, il est le seul dont l’écrasante majorité des habitants rechigne à rejoindre le site de recasement mis à leur disposition à quatre kilomètres. Situé à l’Ouest de la plateforme aéroportuaire, on accède à Kathialik par une bretelle qui part de la route principale menant au Pavillon présidentiel. De prime abord, le village, bercé par le bruit des feuilles des manguiers et des palmiers, semble inhabité. Pas une âme qui vive. Il faut donner de la voix pour déceler enfin signe de vie. Un petit conciliabule et une dame nous conduit chez le chef de village qui rapplique de son champ dès qu’il a été averti de notre présence. Le contact chaleureux, Mbaye Faye, flanqué de son bras droit, son fils Mansour Faye, laisse à ce dernier le soin d’expliquer les raisons du conflit qui les oppose aux autorités aéroportuaires. « Nous sommes des patriotes et quand l’intérêt du pays est en jeu, nous ne pouvons que nous soumettre. Mais là, il se trouve qu’on veut nous faire déguerpir alors que nous ne constituons aucune menace pour la sécurité de l’aéroport car n’étant ni dans l’enceinte, ni dans son emprise. Il y a déjà une barrière sécuritaire, et aujourd’hui ils veulent construire un autre mur qui va traverser notre village. Nous ne pouvons pas accepter. Nous avons assez donné à cet aéroport », explique Mansour Faye, plan à l’appui. Il est repris au rebond par son père. « Le périmètre de l’aéroport est déjà bien délimité mais à chaque fois, ils grignotent sur nos terres alors que nous avons cédé nos champs et nos lieux sacrés. Même avec tout l’or du monde, nous préférons rester ici où nous avons nos repères culturels et notre patrimoine matériel et immatériel », martèle le sexagénaire d’une voix pleine de détermination sous les hochements approbateurs du cercle de personnes qui avait fini de se former autour de lui.
Perte de repères
Ces paroles du chef de village rappellent celles qu’avait tenues le Dr Kaly Niang, sociologue à l’Aibd, dans un entretien accordé au Soleil et qui montrent le caractère sensible et difficile de ce dossier. « Un déplacement de populations est parfois assimilé à une perte d’identité culturelle; ce qui explique souvent les réticences et autres conflits entre populations autochtones et allochtones. Au-delà de la perte d’identité ou du patrimoine matériel comme immatériel, les populations déplacées perdent leurs repères historiques et leurs cadres de socialisation ». Pour les besoins de la construction l’Aibd, les populations des villages de Khessoukhate, de Mbadatte et de Kathialik qui se trouvaient dans l’emprise de la plateforme aéroportuaire devaient être déplacées et réinstallées sur un site situé à 4 kilomètres suivant les normes de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (Bad). Un recensement mené par Aibd Sa à l’époque avait relevé que sur les 2661 personnes affectées, 36 % sont de Kathialik. Si les populations de Khessoukhate et de Mbadatte ont accepté, après de longues négociations, de quitter leurs villages d’origines et de rejoindre le site de recasement doté de toutes les commodités, celles de Kathialik, dans leur écrasante majorité, précisément 34 familles, ne souhaitent pas déménager. Cela, malgré l’absence d’eau, d’électricité, de structures scolaires et sanitaires, dans leur village niché à la limite du périmètre de sécurité de 350 mètres du nouvel aéroport. L’Aibd est ceinturé par deux clôtures de sécurité. La première clôture est celle réglementaire qui épouse les normes de l’Oaci et qui protège l’infrastructure avec tous les mouvements. Ensuite, il y a un autre mur qu’Aibd S.a a décidé de construire pour protéger les 4.500 hectares de l’aéroport. Au-delà de ce mur, il est prévu un périmètre de sécurité de 350 mètres qui empiète sur le village de Kathialik. « Ils nous ont déjà pris quelques maisons, ils n’ont qu’à nous laisser le reste. Ils ont déjà leur périmètre de sécurité de 350 mètres, pourquoi vouloir encore allonger ce périmètre ?», se demande Mbaye Faye. Son fils Mansour soupçonne une volonté de les spolier et d’y construire des logements pour des gens venus d’ailleurs. « Nous avons nos réalités, nos us et coutumes à préserver.
Poursuivre le dialogue
Tout ce que nous voulons, c’est qu’on nous laisse vivre ici. Nous ne voulons pas du site de recasement dont la configuration est loin de répondre à nos réalités sociologiques », dit-il. Mais le dialogue n’est pas rompu entre Aibd S.a et les populations de Kathialik. Ces dernières ont obtenu des autorités aéroportuaires que le tracé du mur de clôture, qui devait traverser le village et empiéter le cimetière, soit dévié. Une volonté de la part d’Aibd S.a de ne pas envenimer la situation. « Les discussions continuerons jusqu’à l’obtention d’un consensus fort et durable. Il n’est pas de notre intérêt d’user de la force publique pour convaincre, mais bien au contraire, nous allons poursuivre la médiation sociale sans faiblesse coupable ni cruauté inutile. Après tout, ce sont des Sénégalais à part entière qui y vivent depuis le 16ème siècle, nous devons prendre en charge leur préoccupations pour que l’aéroport devienne une véritable opportunité de développement pour ces communautés », confiait Dr Kaly Niang.
Elh. I. THIAM
DEPART LEOPOLD SEDAR SENGHOR, RETOUR AEROPORT INTERNATIONAL BLAISE DIAGNE : Comme à New York-JFK et Paris-CDG
Nouvel aéroport, nouvelles mœurs. Ici, pas de système D, pas de passe-droits, pas de prises de tête ni de protestations, c’est chacun son tour, c’est rapide, pourvu que cela dure. On n’attend pas plus qu’à JKF, toutes proportions gardées.
J’ai quitté Dakar mi-novembre en empruntant ce bon vieil aéroport de Dakar-Yoff, de son nom de baptême aéroport international Léopold Sédar Senghor (Ailss). Laissant à ma ville natale sa chaleur, ses habitants indisciplinés, ses badauds scotchés à l’aérogare et leurs trafics en tous genres de survie dans la jungle du macadam. Malgré les améliorations apportées par couches successives à la sureté, et notamment la sécurité, à la mobilité des voyageurs du parking à l’embarquement, il y avait toujours un gugusse qui vous proposait, en douce, un petit commerce en dehors des circuits officiels agréés : change louche, chariots étrangement payants, transport douteux en low cost et tout ce que vous pouvez imaginer. Et telles des piqûres de moustique indésirables, les propositions étaient plus ou moins insistantes et agressives selon le genre (fille) et la provenance (touriste blanc). Même les barrières ne les arrêtaient point car ils avaient ingénieusement, c’est-à-dire « sénégalaisement », contourné l’obstacle en « embauchant » à l’intérieur des frontières interdites des « collègues » qui, eux, sont des employés réguliers de la zone aéroportuaire.
Auteur: Dié Maty FALL - Le Soleil
02 mars, 2018
28 février, 2018
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